La couleur de l’eau – Kerry Hudson
Sous le charme, Dave, vigile dans un luxueux magasin londonien, laisse partir une jeune voleuse qu’il venait de surprendre. Sa journée terminée, il la découvre dehors, à l’attendre. C’est le début d’une relation complexe, entre deux êtres abîmés, chacun dissimulant un lourd passé. Comment Alena, venue avec tant de projets de sa Russie natale, se retrouve-t-elle à la rue et sans papiers ? Pourquoi Dave vit-il comme en exil à quelques kilomètres de chez lui ? Qu’ont-ils bien pu traverser l’un et l’autre pour être si tôt désabusés ? Le parcours d’Alena, lié aux réseaux de prostitution, est chargé de compromissions, de peurs et d’espoirs étouffés. L’histoire de Dave part des cités anglaises, à l’horizon bien bas, celle d’un garçon aux rêves d’aventure mais trop obéissant et un peu lâche. Page après page, ils s’apprivoisent, se rapprochent – en prenant soin d’éviter leurs zones d’ombre qui, bien évidemment, finiront par les rattraper.
Alors, autant le dire de suite, comme cela c’est fait: je n’ai pas aimé, vraiment pas aimé et me suis traînée dans cette histoire en attendant impatiemment la fin.
Certes, le scénario de l’auteur aurait pu plaire: nous dresser le portrait de deux écorchés vifs de la vie qui se rencontrent fortuitement et ne se révèlent que très peu l’un à l’autre (par contre, nous, lecteurs heureux, avons, dès le départ, la version complète des vies d’Alena et Dave). Mais cela ne fonctionne absolument pas: de ce qui était un bon point de départ, j’ai rapidement trouvé que l’auteur se perdait vraiment au point d’en arriver à une caricature de ses personnages poussée à l’extrême. Dans ce cas-ci, trop de misère tue la misère et, au lieu de faire preuve d’empathie pour ces pauvres personnages, je me suis retrouvée à n’attendre qu’une seule chose: en finir et refermer définitivement ce livre.