Dans une coque de noix – Ian McEwan
A l’étroit dans le ventre de ma mère, alors qu’il ne reste plus que quelques semaines avant mon entrée dans le monde, je veille. J’entends tout. Un complot se trame contre mon père. Ma mère et son amant veulent se débarrasser de lui. La belle, si belle Trudy préfère à mon père, John, poète talentueux en mal de reconnaissance et qui pourtant l’aime à la folie, cet ignare de Claude. Et voilà que j’apprends que Claude n’est autre que mon oncle : le frère de mon père. Un crime passionnel doublé d’un fratricide qui me fera peut-être voir le jour en prison, orphelin pour toujours ! Je dois les en empêcher.
Après une soirée au théâtre vendredi – « Obsession » d’Ivo van Hove, pièce inspirée du film de Visconti (les amants diaboliques en français) avec Jude Law dans l’un des rôles principaux – , quelle bonne idée de commencer ce roman de Ian McEwan le samedi!
Les deux thématiques sont proches, les motivations des personnages très semblables et le tableau dépeint est glauque car empli de manipulation vénale.
Le récit, ici, est d’autant plus glauque car raconté par un pauvre foetus, qui n’a donc clairement pas demandé ni d’être là, ni d’assister complètement impuissant à la mort du couple formé par ses parents. D’autant plus triste encore car ce malheureux foetus passe son temps alcoolisé par les excès de sa mère.
Le style de Ian McEwan est, comme à son habitude, fluide, intelligent et incroyablement agréable à lire (alors que le contenu, lui, est parfois difficilement supportable tant les personnages sont emprunts de violence, d’excès et de machiavélisme).
Un livre qu’il est impossible de lâcher. Une version des Amants Diaboliques racontée in-utero… à mes yeux, une belle réussite.