Furies – Julie Ruocco

Furies – Julie Ruocco





Les destins d’une jeune archéologue, dévoyée en trafiquante d’antiquités, et d’un pompier syrien, devenu fossoyeur, se heurtent à l’ expérience de la guerre. Entre ce qu’elle déterre et ce qu’il ensevelit, il y a l’histoire d’un peuple qui se lève et qui a cru dans sa révolution.

#RL9
Je remercie les éditions Actes Sud et Babelio – via sa Masse Critique – de m’avoir permis de découvrir ce très beau (premier) roman de Julie Ruocco.
Ce livre est l’histoire de Bérénice, archéologue française devenue receleuse d’antiquités, et Asim, pompier syrien devenu fossoyeur, qui vont se rencontrer en Turquie, se côtoyer et fuir ensemble vers Rojava dans le nord de la Syrie.
Ce livre est surtout l’histoire d’un pays et de ses habitants qui, de conflits en conflits, endurent, depuis 2011 dans le contexte du Printemps arabe, une guerre civile. Des hommes et des femmes qui, après la rébellion armée de l’Armée syrienne libre, subissent la terreur de l’organisation salafiste djihadiste Etat Islamique (EI). « Furies » dénonce ces exactions, massacres et crimes contre l’humanité en donnant la parole à toutes ces victimes qu’Asim tente de ressusciter grâce à sa nouvelle activité de faussaire, insufflant un souffle de contestation, de révolte dans ce désastre humain et humanitaire.
La plume de Julie Ruocco décrit incroyablement bien le quotidien de la population syrienne en proie à cette menace quotidienne de l’EI, les disparitions, les meurtres, les tentatives de fuite d’une population qui rêvait d’une révolution et d’une démocratie.
Le roman est touchant de sincérité et d’humanité, certains passages sont d’une telle puissance qu’ils marquent à jamais le lecteur – la scène où Asim comprend que sa tentative de mettre sa sœur Taym en sécurité a été vaine est, pour moi, l’une des plus fortes et émouvantes du livre.
Bérénice et Asim, en quête de justice, apportent une petite pierre à l’édifice de la révolution arabe, refusant de se taire et livrant les témoignages des nombreuses victimes (500.000 morts depuis 2011 selon les estimations de diverses ONG), mettant des noms sur toutes ces corps anonymes.

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