La Nuit de la tarentelle – Christiana Moreau

La Nuit de la tarentelle – Christiana Moreau

Dans le Salento, à la pointe des Pouilles, une terrible maladie ravage les oliviers, obligeant le père d’Elisa à abattre plus d’un millier d’arbres centenaires du domaine familial. Autant dire qu’il a d’autres préoccupations que d’autoriser la jeune fille à réaliser son rêve : partir étudier le chant à l’institut de musique classique de Milan. Seule sa grand-mère Raffaella, consciente de son don, la soutient. En cachette, elle lui offre son médaillon porte-bonheur à l’effigie de Verdi et lui confie le secret qu’elle tait à tous depuis plus de soixante ans, lorsque la vie était encore plus rude pour les filles d’après-guerre. Ce temps où danser la pizzica, une folle tarentelle issue du fond des âges, était le seul exutoire à l’oppression que leur imposait le joug de leurs pères, maris et frères…

Coup de cœur !
Après La sonate oubliée, Cachemire rouge et La dame d’argile, Christiana Moreau nous revient avec un roman très réussi, reprenant certaines composantes de ses précédents succès : des destins parallèles situés dans des espaces spatiotemporels différents, le fil de l’histoire qui se tisse telle la toile de la tarentule et le tout au son des opéras de Verdi.
Dans ce roman, Elisa, en 2017, rêve de quitter le domaine familial – dont les oliviers sont ravagés par la maladie – pour le nord du pays afin de se consacrer à sa passion… le champ lyrique, ce qui ne correspond pas vraiment au schéma classique et ancestral des agriculteurs des Pouilles.
En parallèle, Raffaella, la grand-mère d’Elisa vit ses derniers mois, « enfermée » dans une maison de repos. Raffaella va, d’une part, permettre à Elisa de réaliser son rêve et, d’autre part, lui confier sa grande histoire d’Amour, son destin de femme dans l’après-guerre italienne, dans un milieu rude et dur, dans cette société patriarcale où la femme n’a aucun droit à la parole, passant de la soumission de son père à celle de son mari, ce dernier lui étant assigné afin d’optimiser les domaines familiaux.
Comme d’habitude, une magnifique plume, une maîtrise des sujets traités, des personnages attachants et convaincants, une invitation au voyage (je rêve de découvrir les Pouilles depuis des années), des lieux magiques (suis allée sur internet les découvrir, à défaut de les visiter en chair et en os)… tous les ingrédients afin de faire de ce roman un vrai coup de cœur!