Côté ghetto – Jill Leovy


Côté ghetto – Jill Leovy





Dans la lignée de l’oeuvre de David Simon ( The Wire), une œuvre magistrale de journalisme littéraire, élu meilleur document de l’année par le New York Times et le Washington Post.
South Central, Los Angeles. Le Ghetto. À la fois un lieu et un destin. Un quartier où les jeunes, noirs pour la plupart, sont souvent plus en sécurité en prison que dans les rues, où les plus violents sont les héros, et les victimes laissées pour compte.
Sauf peut-être par quelques hommes, qui considèrent encore ces victimes comme des fils, des frères, des êtres humains à part entière. Ces hommes, ce sont les policiers du district qui, dans le marasme ambiant, s’accrochent comme ils le peuvent pour donner un sens à leur métier, luttant tout autant contre le meurtre que contre une administration déconnectée de la réalité.
Ainsi lorsqu’un jeune du quartier, Bryant Tennelle, est abattu sur un trottoir, non loin de son domicile, l’inspecteur John Skaggs, en dépit des moyens dérisoires dont il dispose et de la résignation ambiante, va tout faire pour éviter que ce jeune garçon ne soit qu’un nom de plus inscrit sur la liste annuelle des milliers d’assassinats non résolus de jeunes Afro-Américains.
À partir de ce simple fait divers et de milliers d’heures de témoignage, Jill Leovy nous livre un document criant d’humanité. Pourquoi un jeune Noir a-t-il quinze fois plus de chance de se faire tuer qu’un Blanc aux États-Unis ? C’est toute la  » peste américaine  » qu’elle dissèque avec ce portrait intime et bouleversant, fait de morts absurdes et impunies, de proches dévastés et d’enquêteurs acharnés mais démunis.

Tout le monde connaît actuellement le mouvement Black Lives Matter qui dénonce le racisme de policiers blancs envers les personnes noires.
Ici, dans ce livre, ce n’est pas de cela dont il est question… Jill Leovy livre un travail journalistique afin de témoigner de toutes ces victimes noires – pour la plupart victimes d’Afro-américains – dont personne ne se soucie, et cela depuis toujours. L’indifférence des pouvoirs publics, fédéraux et/ou locaux, l’ignorance de la population blanche de ce fléau, cette violence meurtrières dans certains quartiers, ces vies rayées de la carte d’un coup de revolver. Toutes ces victimes s’accumulent, leur nombre augmente, les enquêtes s’enchaînent sans moyens supplémentaires.
Mais il est des enquêteurs qui ne souhaitent plus classer ces dossiers sans suite; John Skaggs fait partie de ceux-là et se bat pour sortir le meurtre de Bryant Tennelle de l’anonymat, pour que cette folie meurtrière soit reconnue avec l’idéal que cela cesse un jour.
Le style est, malheureusement, un peu répétitif et brouillon avec, pour conséquence, de rendre la lecture assez lente mais le travail journalistique et humain en font un très bon livre.

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